Aller au contenu principal

La papeterie Le Bourray se diversifie dans la ouate pour les produits d’hygiène

Rachetée il y a un an par Céline et François Bourdin, patrons de la CGMP, la papeterie Le Bourray à Saint-Mars-la-Brière (72) a subi de plein fouet les effets de la crise sanitaire. Mais très vite, elle a su rebondir en adaptant, ponctuellement, sa production d’ouate pour la fabrication de masques et de produits d’hygiène. Une vraie planche de salut.

« Au début de la crise, nous n’avons pas été très impactés », raconte Céline Bourdin, à la tête de la papeterie Le Bourray à Saint-Mars-la-Brière (72), dans la périphérie du Mans. « Puis nos clients européens ont commencé à annuler leurs commandes, puis cela a été le tour des États-Unis qui représentent la plus grande part de notre chiffre d’affaires. Il nous a fallu très vite nous réinventer et nous avons décidé de nous lancer dans l’hygiène. » Implantée sur le site de l’ex-Arjowiggins, l’usine du Bourray produit de la ouate de couleur pour l’art de la table. Elle a été rachetée il y a un an par la CGMP (Compagnie générale des matières premières), dirigée par le couple Céline et François Bourdin, l’un de ses anciens clients. La PME familiale fabrique, elle, serviettes, nappes, sets, rouleaux en papier et autres accessoires pour la restauration.

Jeunesse et agilité

La ouate est également très utilisée pour la fabrication de mouchoirs, de masques de protection, des blouses pour les soignants, des couches-culottes pour les patients en réanimation… Céline et François Bourdin ont décidé d’adapter l’outil de production de la papeterie à ces nouveaux besoins. Et trouvé dans la PME Kolmi-Hopen, premier fabricant français de masques de protection, installée à Saint-Barthéméy-d’Anjou dans l’agglomération d’Angers, un client de choix. « La force du Bourray a été sa jeunesse et son agilité. On a réussi facilement à convaincre les salariés de se battre et de s’adapter », se félicite la dirigeante. « L’entreprise va ainsi pouvoir passer la crise. Seuls 20 % des effectifs ont été mis en chômage partiel pendant trois semaines. Mais il ne faudrait pas que cela dure trop longtemps car nous ne gagnons pas d’argent sur cette production. À terme, nous aimerions retrouver nos marchés dans la restauration. »

Des investissements en cours

Depuis fin mai, les commandes ont redémarré, même si « le gros souci » demeure les États-Unis. La situation de la CGMP reste préoccupante. « Au début, nous avons fabriqué bénévolement des blouses roses pour les hôpitaux de Mans et de Bayonne. Mais aujourd’hui (ndr : fin mai), sur nos 50 machines, il n’y en a pas une qui fonctionne. Il n’y a plus un bruit dans l’usine. » Pour autant, le couple Bourdin croit en l’avenir. Attentif aux annonces gouvernementales, il continue à avancer. « Pendant la crise, nous avons décidé de rénover les bâtiments administratifs du Bourray. » Un investissement de 300 000 euros qui vient s’ajouter à celui d’un million d’euros, effectué juste avant la crise. Une nouvelle tête de caisse pour leur machine destinée à améliorer la qualité du papier.

 

À savoir

Après la liquidation judiciaire de l’entreprise, l’État et la Région des Pays de la Loire ont appuyé la démarche de l’intersyndicale Arjowiggins de Bessé-sur-Braye en cofinançant deux études de marché et de recherche d’investisseurs réalisées par le cabinet Secafi. L'usine sera finalement reprise par la société Paper Mills industries (PMI) sur décision du tribunal de commerce de Nanterre (Hauts-de-France), le 19 juin dernier. La PMI, filiale du groupe canadien Dottori, "prévoit d'embaucher environ 240 personnes d'ici 2025 et s'engage à proposer ces emplois en priorité aux anciens salariés de la société Arjowiggins papiers couchés", selon le communiqué des mandataires. L’usine avait cessé son activité après son placement en liquidation judiciaire le 29 mars 2019. Elle employait 566 salariés avant sa fermeture.